Rarement l’histoire d’une vie aura épousé aussi étroitement l’histoire d’une époque. Aleksander Wat, que Maïakovski qualifiait de « futuriste né », a partagé le sort des artistes qui espéraient « changer la vie et transformer le monde ».
Après avoir joué un rôle de premier plan en dirigeant une revue d’opposition marxiste au régime de Pilsudski et connu les prisons staliniennes, Wat a été l’un des rares intellectuels à manifester une opposition ouverte au nouveau pouvoir polonais. Émigré en France en 1958, rongé par une maladie incurable qui le mènera au suicide neuf ans plus tard, il n’avait plus la force d’écrire le livre par lequel il rêvait de transmettre la somme de ses expériences. C’est Czeslaw Milosz qui lui permettra de réaliser ce projet sous forme d’entretiens. Témoignage fascinant sur la terreur stalinienne, Mon siècle fait étrangement écho à la période actuelle avec sa fine analyse des relations entre la Russie, l’Ukraine et l’Occident. Ce livre, considéré comme une référence fondamentale de la culture polonaise contemporaine, possède par son souffle et sa vision une portée universelle.