La guerre de Bosnie s'est achevée il y a 25 ans et le pays semble plongé dans une léthargie où chacun erre dans son époque et ses croyances. Les morts et les vivants, les vétérans du conflit et la jeunesse née dans ses décombres. La Bosnie ravive les vieux démons, joue avec le feu. Ce n'est plus la guerre, ce n'est pas la paix. Comment traduire en photographie le sentiment étrange d'un temps qui n'en finit pas de mourir, la violence sourde qui traverse le pays ? En ce sens, ce travail est un état du temps, plus qu'un état des lieux.
Les Bords réels est à l'image de la Bosnie aujourd'hui : fragmentaire, fantomatique, déboussolée, vibrante et chaotique à la fois. En investissant ce territoire, ce sont les limites même de sa pratique - la photographie documentaire- qu'Adrien Selbert défie ici.