Interdite par Staline pour « pornographie » deux ans après sa création triomphale, Lady Macbeth de Mzensk attise les désirs et les peurs : ceux du public, avide de se faire emporter dans cette histoire de femme adultère, meurtrière et finalement sacrifiée par son amant à plus fraîche proie ; ceux des metteurs en scène, qui y trouveront la matière d’or en fusion pour une œuvre au noir (et au sang) ; ceux des interprètes – qu’ils soient en fosse ou sur scène –, qui doivent incarner tant la pulsion primale d’une sexualité débordante que la sarcastique mise à distance d’un Chostakovitch satirique et grinçant. Promesses tenues de bout en bout par la nouvelle production présentée à l’Opéra de Paris, dont l’exceptionnel niveau musical et théâtral, en qualité et en puissance, vous happe sans fléchir et obtient, aux saluts, une ovation méritée – et destinée à l’ensemble de l’équipe, metteur en scène compris : le fait est assez rare, dans le cas de Krzysztof Warlikowski, pour être souligné.