Zamiatine est un illustre inconnu. Après sa mort en exil, celui qui fut l’un des plus célèbres écrivains des années vingt a été oublié, à dessein, par la Russie – depuis vingt ans alors – soviétique. Son roman anti-utopiste Nous autres et le scandale littéraire qu’il a provoqué, l’année du « grand tournant », ont longtemps occulté le reste de sa prose. Si certains de ses récits et nouvelles ont été republiés à la chute de l’Union soviétique, il n’existe pas, à ce jour, d’édition intégrale de ses œuvres en Russie.
Les récits les plus fameux ont été traduits de son vivant : Nous autres, La Caverne, L’Inondation… D’autres traductions sont parues dans les années soixante-dix et quatre-vingt : Les Insulaires, Province, Le Pêcheur d’hommes… Deux longs récits restaient inédits en français : Au diable vauvertet Alatyr. On y trouve, dans la langue truculente de ses débuts, une description ironique et tendre de l’ancienne Russie, et une nouvelle facette de l’oublié Zamiatine.
« Je laisse rarement les gens entrer chez moi. Et, du dehors, vous ne verrez pas grand-chose », disait-il. Entrons voir !