Elle haïssait la dépravation chez les autres, elle la jugeait avec une dureté impitoyable et elle était elle-même dépravée… Veltchaninov était convaincu qu’il existe des femmes de ce genre ; et il était également convaincu qu’il existe un type de maris correspondant à ce type de femmes, et n’ ayant d’autre raison d’être que d’y correspondre. Pour lui, l’essence des maris de ce genre consiste à être pour ainsi parler «d’éternels maris» ou, pour mieux dire, à être toute leur vie uniquement des maris, et rien de plus. «L’homme de cette espèce vient au monde et grandit uniquement pour se marier, et sitôt marié, devient immédiatement quelque chose de complémentaire de sa femme, quand bien même il aurait un caractère personnel indiscutable. La marque distinctive d’un tel mari, c’est l’ornement que l’on sait. Il lui est aussi impossible de ne pas porter de cornes qu’au soleil de ne pas luire ; et non seulement il lui est interdit de jamais en rien savoir, mais encore il lui est interdit de connaître jamais les lois de sa nature.»