Le pont, en tant que construction permettant de franchir un obstacle, symbolise l'ouverture. Il incarne le lien, la cordialité et la fraternité, là où le mur représente la fermeture, l'isolement et le repli sur soi. Mais si le pont est destiné à être un lieu de passage, il ne se révèle pourtant pas toujours un trait d'union entre les hommes. Cet ouvrage s'intéresse à neuf ponts situés dans des zones de post-conflit ou de crise et franchissant des " frontières " (Moldavie-Transnistrie, Chine-Corée du Nord, Géorgie-Abkhazie, Palestine-Israël, Grèce-Turquie, etc.), dont l'étude est nourrie de retours historiques, d'observations de terrains, et d'interviews de riverains.
Quelle est la place des ponts dans les zones de crise et dans les processus de paix, et leur impact sur la vie quotidienne des populations qui les empruntent ? Sont-ils véritablement des liens ou renforcent-ils au contraire la séparation déjà existante ? Alors qu'ils figurent souvent parmi les premières cibles d'un conflit, leur reconstruction est-elle perçue par les populations comme un véritable facteur de réconciliation ? Autrement dit, les ponts parviennent-ils véritablement à réunir des populations qui ont été divisées ? A la fois lieux de migrations et points de contrôle, le pont à la fois sépare et unit.
C'est cette dialectique fragile et mouvante, marquée souvent d'arbitraire qu'Alexandra Novosseloff aborde avec rigueur et engagement afin que les situations géopolitiques humainement inacceptables ne tombent pas dans l'indifférence diplomatique du statu quo. Préface de Michel Foucher Avec les contributions de Renaud Dorlhiac, Elina Jonsson et Katarina Mansson