Nicolaï Sémionovitch Leskov (1831 - 1895) a produit une œuvre considérable, d’une puissante originalité dans la littérature russe du dix neuvième siècle, tant par son écriture que par ses thèmes. Jacques Imbert a aussi traduit de Leskov, pour les éditions de L’Aube, un somptueux et poignant récit : Le paon, et pour les éditions des Syrtes, Hugo Pectoralis ou une volonté de fer.
Dans ce récit d'une extrême densité s'opposent deux mondes : celui des paroles raffinées et des certitudes savantes et mondaines de l'élite ecclésiastique de Petersbourg, celui silencieux des brutes "sauvages", puantes et simples du fin fond de la Sibérie. Leskov opère à la fois un questionnement et un retournement des valeurs : la tempête de neige, qui est le point culminant du récit en est tout à la fois le cadre et la métaphore. L'espace sibérien, peuplé d'inconnu, conduit à l'expérience des confins où tout vacille, y compris les canons d'une orthodoxie trop satisfaite d'elle-même. La traduction de Jacques Imbert redonne à ce récit toute sa saveur et sa grandeur.