Lors de sa parution en Russie, en 2005, ce livre fut un événement. Tout spécialement à Moscou, mégapole en proie à un mouvement perpétuel dans laquelle nous entraîne le monologue haletant du jeune narrateur, au cours de quelque chose qui s'apparenterait tout à la fois à une expédition dans la jungle des villes et à une quête du Graal. L'argument est simple : un jeune architecte, installé dans la capitale, part de bon matin chercher son meilleur ami qui arrive de province en avion. Il tombe en panne au retour, en pleine ville, et doit trouver le moyen d'aller à ses rendez-vous de chantier, obsédé au fur et à mesure de la progression de la journée par l'état de sa chemise alors qu'il doit revoir la Dame de ses pensées. Une atmosphère étrange s'installe quand notre architecte commence à se rendre compte qu'il est pris en filature ou quand, en rêve, il bascule, et nous avec, dans une guerre ou une tempête en mer... Ce roman vaut par le rendu palpable de l'énergie que dégage la ville, par la description du mal de vivre de son héros, qui oscille entre la "personne de trop " de la littérature russe et l'amoureux platonique façon Alexandre Blok, le grand poète du début du XXe siècle. Une façon de retrouver sous la couche de vernis de la modernité quelque chose de la russité...