Traduit du russe avec l'autorisation de l'auteur par Maurice Sans doute y a-t-il peu de points communs entre Sania Diespérova, qui, après trente années de désillusions, décide de boire la goutte de miel qui reste dans le calice de la vie, et la belle Véra qui rompt paisiblement avec son compagnon de quinze ans. Et peu de relations entre ces femmes et le berger Ignace, assassin amoureux, ou Paracha, trouvée folle sur le bord de la route. Du moins ont-ils tous dû, un jour, confronter les rêves qu'ils avaient fomentés avec la sèche réalité des choses. Hommes et femmes d'une Russie ancienne, prérévolutionnaire, ils sont tous, pour nous, comme les gens du domaine aujourd'hui désert de Soukhodol : ils sont morts, ceux qui figurent en cette relation, et leur passé, de plus en plus, prend figure de légende, et a cette tonalité, douce-amère, d'un murmure grave et mélodieux.