Les témoignages exceptionnels des derniers survivants du Goulag rassemblés, entre 2012 et 2015, par Anna Artemeva et Elena Ratcheva nous plongent au plus profond du quotidien du camp qu'aucune archive administrative ne peut saisir. Au plus profond de la vie, avec ses sentiments, ses peines et ses joies. Ils nous permettent de saisir les relations qui se nouent entre des détenus d'origines et de milieux différents, de comprendre pourquoi et comment ces survivants ont survécu, de mesurer la part du hasard, de la chance, de l'adaptation, de la débrouillardise, de l'instinct de survie pour échapper à l'issue fatale qui guette ceux qui lâchent prise, les «crevards». Les deux chercheuses ont fait le choix judicieux de donner la parole non pas seulement à ceux qui ont souffert, dans leur corps et dans leur âme, comme détenus, mais aussi à ceux qui ont travaillé, aux postes les plus divers -surveillant, soldat d'escorte, palefrenier, dresseur de chiens de garde, infirmière, médecin, chef de camp- dans l'immense appareil du Goulag, principal pourvoyeur d'emplois dans un grand nombre de régions déshéritées et inhospitalières de l'URSS dans les années 1930-1950... extrait de la préface de Nicolas Werth