En 1940, soit vingt ans après son arrivée à Paris, la grande satiriste et humoriste russe Nadejda Alexandrovna Lokhvitskaïa, plus connue sous le nom de Teffi, relate dans ses Souvenirs son extraordinaire traversée de la Russie en pleine révolution. Sa prose toute en finesse dépeint, avec retenue, humour et délicatesse, le périple invrai- semblable d'une troupe d'artistes quittant Moscou pour se produire en Ukraine, puis à Odessa, afin de fuir le pays dévasté.
Davantage qu'un témoignage sur les événements tragiques d'un empire en dé- composition, ce livre, qui se lit comme un roman, est une allégorie poétique de l'exil, émaillée de portraits inoubliables dont les lecteurs se souviendront avec tendresse.
Dans certaines scènes dépeintes, l'horreur y côtoie le ridicule. Une oeuvre unique, une vision féminine, intime, lucide et drôle d'une tragédie au retentissement univer- sel.
À Novorossiisk, tandis que le bateau qui l'emmène à Constantinople s'éloigne du quai, Teffi fixe sa patrie perdue : « De mes yeux grands ouverts jusqu'à être glacés. Je regarde. Sans bouger. J'ai transgressé ma propre interdiction. Je me suis retournée.
Et voilà que, comme la femme de Loth, je me suis figée. Pétrifiée jusqu'à la fin des siècles, je verrai ma terre s'éloigner doucement, tout doucement. » Nadejda Alexandrovna Lokhvitskaïa (Saint-Pétersbourg 1872 - Paris 1952) est plus connue sous le nom de Teffi, pseudonyme qu'elle prend en 1907. En Russie, elle fut adulée pour son humour, il en sera de même en France puisqu'elle retrouve son lectorat notamment à Paris où elle s'installe en 1920. Teffi est l'auteur le plus lu par l'émigration russe entre 1920 à 1940. Elle est enterrée au cimetière russe de Sainte- Geneviève-des-Bois.
Davantage qu'un témoignage sur les événements tragiques d'un empire en dé- composition, ce livre, qui se lit comme un roman, est une allégorie poétique de l'exil, émaillée de portraits inoubliables dont les lecteurs se souviendront avec tendresse.
Dans certaines scènes dépeintes, l'horreur y côtoie le ridicule. Une oeuvre unique, une vision féminine, intime, lucide et drôle d'une tragédie au retentissement univer- sel.
À Novorossiisk, tandis que le bateau qui l'emmène à Constantinople s'éloigne du quai, Teffi fixe sa patrie perdue : « De mes yeux grands ouverts jusqu'à être glacés. Je regarde. Sans bouger. J'ai transgressé ma propre interdiction. Je me suis retournée.
Et voilà que, comme la femme de Loth, je me suis figée. Pétrifiée jusqu'à la fin des siècles, je verrai ma terre s'éloigner doucement, tout doucement. » Nadejda Alexandrovna Lokhvitskaïa (Saint-Pétersbourg 1872 - Paris 1952) est plus connue sous le nom de Teffi, pseudonyme qu'elle prend en 1907. En Russie, elle fut adulée pour son humour, il en sera de même en France puisqu'elle retrouve son lectorat notamment à Paris où elle s'installe en 1920. Teffi est l'auteur le plus lu par l'émigration russe entre 1920 à 1940. Elle est enterrée au cimetière russe de Sainte- Geneviève-des-Bois.