Voici une histoire de la civilisation russe non événementielle et non historiographique, qui n’est pas non plus un recueil d’essais sur des sujets sociologiques ou anthropologiques. Elle s’inscrit dans la suite des Lieux de mémoire en France conçus par Pierre Nora il y a vingt ans et qui ont passablement renouvelé l’approche des objets historiques, en particulier en examinant le fonctionnement des lieux et institutions commémoratifs et fondateurs des mémoires nationale, sociale, professionnelle. En Russie, où la réforme des recherches historiennes ne fait que commencer, l’historiographie russe reste encore dominée par les grandes problématiques de l’opposition Occident/Russie, ou encore slavophiles/occidentalistes, c’est-à-dire toujours idéologisée.
L’ouvrage est conçu comme une reconstruction du fonctionnement de la mémoire russe par liens entre tous les éléments qui la constituent – cet usus de la vie russe que Roman Jakobson a défini comme la chose commune aux Russes, plus commune que le territoire, mouvant et immense, ou que les institutions, sujettes à effondrements.
Le premier de ses trois tomes tente de répertorier la « géographie » de la mémoire russe : d’abord le paysage, mémorisé par tout Russe, canonisé par la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, les différents types de villes, bourgs, villages et hameaux qui hiérarchisent l’espace russe d’une façon beaucoup plus différenciée qu’en Occident, les musées et grands monastères, les jardins, les nécropoles, et leur rôle social encore bien vivant, les lieux d’enseignement séculier et religieux, le théâtre également, qui fut aux XIXe et XXe siècles une institution presque égale à la religion, et enfin les lieux «emportés» avec soi par l’émigration, en elle-même lieu de mémoire et moteur actuel du renouvellement de la mémoire russe depuis son « rapatriement ».
Sans équivalent à ce jour, cet ouvrage devrait enrichir considérablement l’appréhension d’une grande civilisation qui n’en finit pas d’intriguer ses voisins immédiats ou lointains, ses amis comme ses ennemis, faute d’une connaissance approchée.
L’ouvrage est conçu comme une reconstruction du fonctionnement de la mémoire russe par liens entre tous les éléments qui la constituent – cet usus de la vie russe que Roman Jakobson a défini comme la chose commune aux Russes, plus commune que le territoire, mouvant et immense, ou que les institutions, sujettes à effondrements.
Le premier de ses trois tomes tente de répertorier la « géographie » de la mémoire russe : d’abord le paysage, mémorisé par tout Russe, canonisé par la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, les différents types de villes, bourgs, villages et hameaux qui hiérarchisent l’espace russe d’une façon beaucoup plus différenciée qu’en Occident, les musées et grands monastères, les jardins, les nécropoles, et leur rôle social encore bien vivant, les lieux d’enseignement séculier et religieux, le théâtre également, qui fut aux XIXe et XXe siècles une institution presque égale à la religion, et enfin les lieux «emportés» avec soi par l’émigration, en elle-même lieu de mémoire et moteur actuel du renouvellement de la mémoire russe depuis son « rapatriement ».
Sans équivalent à ce jour, cet ouvrage devrait enrichir considérablement l’appréhension d’une grande civilisation qui n’en finit pas d’intriguer ses voisins immédiats ou lointains, ses amis comme ses ennemis, faute d’une connaissance approchée.