Conducteur de tram, infirmier, puis reporter – notamment durant la révolution d'octobre –, Contantin Paoustovski a collaboré à différents journaux et revues. Il a pris une part active au mouvement de libéralisation de la culture initié à la fin des années cinquante. Il est à la fois un grand connaisseur de la littérature et de l'art, aussi bien de son temps que des époques antérieures. Auteur de très nombreux récits et nouvelles, de plusieurs romans, d'une importante autobiographie et de plusieurs ouvrages de réflexion sur les arts et la littérature, il a été tenu pour nobélisable.
Sa place dans la littérature soviétique est assez atypique et caractéristique d'une grande indépendance intellectuelle ; ni chantre du régime, ni dissident, il sera parfois considéré par ses pairs et le pouvoir en place comme un écrivain vaguement “bourgeois” représentatif d'un “classicisme” suranné, et partant ne valant guère qu'on s'y attarde.
Et pourtant, l'écriture de Paoustovski, délicate, précise, apte ô combien à recueillir toutes les nuances d'une situation, virtuose dans la restitution des atmosphères et des lieux, dépourvue de tout vain bavardage, jamais ostentatoire, fait de lui le parent russe d'un Giono, d'un Genevoix. Comme l'écrit Guy Imart : "Dans la littérature soviétique, Paoustovski a su créer une œuvre sereine, autonome, par-dessus la mode et la fureur de son temps, quoiqu'exceptionnellement, authentiquement russe, et humaine."