Franz Hellens et Marie Miloslawsky firent paraître en 1926 la première, et unique, traduction française du Pougatchev d'Essénine, reprise depuis par divers éditeurs. Sans doute les difficultés propres à ce texte au rythme savamment travaillé, où les niveaux de langues s'entremêlent dans un tissage poétique virtuose, ont-elles représenté un obstacle jugé infranchissable à une nouvelle transposition en français. Et pourtant, selon l'expression de Trotski, qui estimait et protégeait Essénine, Pougatchev "est Essénine de la tête aux pieds" ; toute sa poétique y est convoquée et le drame psychologique qui émonde octobre autant que la Révolution puise aussi bien aux sources littéraires qu'aux traditions populaires et à cette extraordinaire sensibilité aux choses de la nature qui traverse et nourrit toute l'œuvre du poète.
La présente traduction a su concilier avec bonheur la très grande fidélité au propos d'Essénine et l'exigence rythmique sans laquelle le texte ne saurait tenir. C'était une gageure ; c'est aussi, pour les lecteurs d'Essénine, un événement.