Amoureux de la couleur et de sa liberté, Katz, peintre avant-gardiste russe, se fait passer pour fou dans une petite ville perdue d'Asie centrale : il s'agit pour lui de préserver son indépendance dans le régime soviétique. Après sa mort, deux de ses parents, tels des chevaliers du Graal, partent à travers le monde à la recherche de ses toiles. De digression en aventure, le lecteur est joyeusement précipité dans les méandres de l'histoire du XXe siècle. C'est à une mondialité heureuse que David Markish convoque : Tel-Aviv, Cologne, Paris, New York, Moscou, Genève, la Pologne... Nos héros découvrent un Klee qui aura servi de pelle à poussière en Sibérie (" après tout, le beau aussi peut être utile "), un Mondrian dans une valise en cuir, des faux meubles " Louis quelque chose " dans un atelier de Gaza. Au passage, la psychiatrie soviétique en prend pour son grade, les kibboutzim sont traités avec une tendre ironie, et le marché de l'art, soumis à une parodie féroce. Dans ces pages baroques règne un optimisme débonnaire et malicieux, empreint pourtant d'une vision de l'histoire lucide et implacable.