C'est au milieu des années 2000 qu'un petit groupe d'orientalistes russes et français a mis sur pied un programme de recherches consacré aux traditions philosophiques de l'Inde, de la Chine et du Japon. Dès le stade des premières esquisses, les concepteurs du projet se sont assigné un double objectif : un premier axe, de nature historiographique, visait à retracer la généalogie des interactions entre les orientalismes russe et français et à réactiver leurs promesses pour compenser le "tropisme anglo-saxon" de l'orientalisme contemporain ; le second, plus techniquement philosophique, se réservait l'exploration des régimes notionnels propres aux systèmes de pensée asiatiques.
Le volet historique ayant fait l'objet de deux cycles de conférences moscovites, l'équipe française a proposé de consacrer au deuxième volet une rencontre-retour qui a été intégrée dans le colloque philosophique franco-russe organisé par la Professeure Maryse Dennes à l'Université de Bordeaux en 2016. Dans le souci d'éviter le piège des questions rhétoriques (Peut-on parler de philosophie en Asie ? , etc.) et leur litanie de fausses réponses, il a été décidé d'orienter le principe de "modestie cognitive" invoqué par Marietta Stepaniants, (et le "pensiero debole" cher à Gianni Vattimo) vers l'analyse précise du "travail des notions" au sein de traditions et d'ensembles textuels bien définis.