
Le lieu de l'action est vraisemblablement Dvinsk, la ville natale de Dobytchine, entre le début du siècle et la Première Guerre mondiale, où Russes, Polonais, Allemands, Lettons et Juifs vivent ensemble - ou plutôt se rendent mutuellement la vie impossible. Nous sommes dans la province russe dont Gogol avait déjà dépeint la grisaille dans Les Aines mortes, à l'exemple d'une ville-symbole, la ville de N... Dobytchine crée dans son court roman un personnage qui pourrait remplir d'effroi le lecteur ingénu : un héros qui jouit avec délice de l'ennuyeux quotidien provincial et qui nous en fait la chronique, un petit-bourgeois sous les traits d'un jeune garçon, à qui il déplaît qu'on puisse, à l'école, lui présenter Manilov et Tchichikov, les héros de Gogol, comme des philistins...
« En lisant Dobytchine, on comprend qu’il est allé “trop loin au large”. Pas par coquetterie, toutefois, pas en escomptant le succès, mais parce qu’il était un véritable écrivain. L’écriture, c’est justement d’aller “trop loin au large”, – une entreprise risquée, – et tout le reste, comme l’a dit le poète, n’est que littérature. »
Victor Eroféev