De Pierre le Grand à Nicolas II, la Russie s’affirme comme un des acteurs majeurs du concert des nations européennes, empire multiethnique et multiconfessionnel à cheval sur deux continents et objet d’une quête identitaire entre nationalisme, spiritualité orthodoxe et mystique révolutionnaire. Pierre le Grand projette son empire sur la scène internationale et le remodèle, dans une transformation qui s’apparente à une réinvention complète du peuple russe. Puis, sous le sceptre de quatre impératrices, la Russie se porte à la tête des nations civilisées, tandis qu’au XIXe siècle, au contraire, le trône est occupé par des empereurs affichant un style de gouvernement masculin. Sous Alexandre Ier, le rayonnement du pays atteint son apogée avec la victoire remportée sur Napoléon, avant que son successeur, Nicolas Ier, s’attire une hostilité quasi générale dans son rôle de « gendarme de l’Europe ». La défaite de Crimée (1855) ouvre enfin une période de tension extrême. L’alliance avec la France, scellée à la veille du XXe siècle, ainsi que les défis logistiques et militaires auxquels la Russie est confrontée l’amènent au grand tournant d’octobre 1917.