En 1975, bibliothécaire à Moscou, Lev Rubinstein écrit des poèmes de forme classique. Il sait par coeur, en bon intellectuel de sa génération, Pouchkine et Mandelstam (il y ajoute Tolstoï, qu'il admire). Il prête l'oreille au langage des rues et des marchés (langage cuit de l'homo sovieticus), et hante les ateliers et les cuisines où, en ces années de stagnation, se discute et s'élabore l'art non-officiel.
C'est alors qu'il invente, dans une logique que lui dicte son temps, un nouveau "genre artistique" : la "mise en fiches". Elle devient la signature de Rubinstein. L'idée de segmenter son texte en l'inscrivant, phrase après phrase, sur de simples fiches perforées, lui a été suggérée par son quotidien de bibliothécaire, par les pratiques picturales de démultiplication du Pop Art américain, et par l'espoir qu'un discours donné à "voir" en pièces détachées serait capable de réveiller le lecteur-auditeur engourdi par le soviétisme ordinaire.
Ainsi s'est construit un objet "rubinsteinien", incongru et jubilatoire, qui déstabilisait les représentations familières. Livré maintenant sous forme de livre, il continue à nous faire douter à la fois des mots et du monde, mais, du même mouvement, leur donne vie. Ses textes sont connus et traduits dans la plupart des langues européennes. En Russie, il a depuis longtemps trouvé son public grâce à des lectures performances personnelles, à des recueils bien édités (Limbach et NLO) et au spectacle vivant : mises en espace, ballet, travail en musique, etc.
Un recueil complet de ses textes-sur-fiches (1975-2008) est paru en 2015 à Moscou (La Grande Cartothèque, Éditions Novoe Izdatelstvo). Le présent livre s'appuie sur cette édition.
C'est alors qu'il invente, dans une logique que lui dicte son temps, un nouveau "genre artistique" : la "mise en fiches". Elle devient la signature de Rubinstein. L'idée de segmenter son texte en l'inscrivant, phrase après phrase, sur de simples fiches perforées, lui a été suggérée par son quotidien de bibliothécaire, par les pratiques picturales de démultiplication du Pop Art américain, et par l'espoir qu'un discours donné à "voir" en pièces détachées serait capable de réveiller le lecteur-auditeur engourdi par le soviétisme ordinaire.
Ainsi s'est construit un objet "rubinsteinien", incongru et jubilatoire, qui déstabilisait les représentations familières. Livré maintenant sous forme de livre, il continue à nous faire douter à la fois des mots et du monde, mais, du même mouvement, leur donne vie. Ses textes sont connus et traduits dans la plupart des langues européennes. En Russie, il a depuis longtemps trouvé son public grâce à des lectures performances personnelles, à des recueils bien édités (Limbach et NLO) et au spectacle vivant : mises en espace, ballet, travail en musique, etc.
Un recueil complet de ses textes-sur-fiches (1975-2008) est paru en 2015 à Moscou (La Grande Cartothèque, Éditions Novoe Izdatelstvo). Le présent livre s'appuie sur cette édition.