Les stries blanches du pelage de l’écureuil témoignent de la très ancienne caresse d’un ours ou la gueule allongée de l’élan d’une dispute dans la nuit des temps. De même il est bon de savoir pourquoi les hiboux n’ont pas de nid, pourquoi les chameaux aiment à se rouler dans la cendre, et ce qui fait que poule et chauve-souris ne se fréquentent pas. Tout fait signe, tout est signe, et dans une approche tout animiste des êtres et des choses, le conte entretient le bruissement du monde, invitant au recueillement devant les plus familiers mystères.
Les contes de l’Est sibérien ici présentés sont l’expression d’une réalité naturelle propre aux traditions bouriates, et plus largement des peuples du pourtour du Baïkal, comme en témoignent les thèmes d’inspiration eurasiate, où se côtoient lions, chameaux, panthères, ours et élans. Le questionnement qui les sous-tend reste, quant à lui, de l’ordre de l’universel. Car le conte n’a d’autre question à éclaircir que celle de savoir pourquoi le bric-à-brac du monde est comme il est. C’est qu’il ne va pas de soi que les lièvres aient la lèvre fendue et que la chasse soit si difficile.
Les versions françaises de ces contes sont le fruit d’un travail collectif impulsé par les Éditions Alidades, l’association Frans’Sib à Irkoutsk, l’association Eurcasia en France.