Un jeune médecin réserviste envoyé par le gouvernement de Smolensk débarque à vingt-quatre ans dans un coin perdu dont il va diriger l’hôpital. Epouvanté à l’idée de devoir se lancer d’urgence dans une trachéotomie sur une fillette de trois ans, moins de deux mois après la fin de ses études, le jeune docteur se prépare avec des sueurs froides à pratiquer une intervention jamais réalisée. Il ouvre la gorge au bistouri, écarte les peaux, éponge un flot de sang noir.
« De trachée-artère, pas la moindre trace. Ma plaie ne ressemblait à aucune gravure. » Récits littéraires nourris de son expérience personnelle de 1916 à 1917, Les Carnets d’un jeune médecin longtemps censurés, n’ont été publiés en Russie qu’après sa mort dans les années soixante. Le volume comprend sept récits où l'on découvre notamment les premières interventions chirurgicales ("Baptême de la version"), l'ignorance dangereuse des patients qui ne respectent pas les posologies des médicaments prescrits ("Ténèbres sur le pays d'Egypte"), le fléau de la syphilis ("L'éruption étoilée"), les erreurs de diagnostic ("L'oeil volatilisé").