Anatoli Kouznetsov avait douze ans lorsque l'armée allemande occupa Kiev en 1941. Il habitait un faubourg proche du ravin de Babi Yar, lieu où des dizaines de milliers de personnes ont été massacrées par les nazis. Lorsqu'il put s'aventurer dans le ravin, il ne trouva que des cendres et se jura de témoigner, un jour, de ce qu'il avait vu. Il consigna aussitôt ses souvenirs dans un cahier d'écolier et, durant vingt ans, l'augmenta de ses réflexions personnelles, en marge de l'histoire officielle qui taisait la vérité des massacres. Il y intégra des documents authentiques et des témoignages recueillis auprès des survivants, mena son enquête et composa un "roman-document" sur la souffrance que l'homme est capable d'infliger à l'homme, où s'entremêlent le fait historique, l'autobiographie et la réflexion sur les dictatures du XXème siècle. Paru une première fois en 1966 en version censurée par le régime soviétique, le premier grand témoignage sur la Shoah à l'Est est publié aujourd'hui dans sa version intégrale.