Anna Akhmatova (1889-1966), pseudonyme littéraire de Anna Gorenko, est l'une des figures majeures de la période de création artistique intense du début du XXe siècle en Russie. Avec Ossip Mandelstam et Nicolas Goumilev, elle fonde en 1910 l'" Atelier des poètes " où s'élabore, par opposition aux brumes d'un symbolisme qui s'essouffle, une poésie de la simplicité et du retour au réel, intimement liée cependant aux recherches les plus audacieuses de la poésie de ce temps : Apollinaire qu'elle rencontre à Paris, Rilke qu'elle traduit en russe, ou encore Eliot avec qui elle mènera un " dialogue artistique " tout au long de sa vie.
Alors que ses amis et compagnons d'écriture disparaissent les uns après les autres, broyés par la violence de ce siècle, elle puise dans l'art la force de résister au désespoir, au milieu de la tragédie qui la touche elle-même au plus intime, ne lui épargnant rien. Interdite de publication vingt-cinq ans durant, elle reste, tout au long de ce temps marqué par la révolution, la terreur stalinienne et l'invasion nazie, la voix jamais bâillonnée de son peuple souffrant. Son silence même, que " l'on entend partout ", " remplit la salle du tribunal " et lorsque, à la faveur d'un dégel, paraît enfin une anthologie de sa poésie " honnie et célébrée ", les cinquante mille exemplaires s'arrachent en quelques heures.
Sa poésie réunit les générations, les temps et les pays, témoignant de l'universalité de la lutte, par l'art et la création, contre la barbarie et le chaos. Retrouvant, à la fin de sa vie, la possibilité de faire entendre ses vers, Akhmatova recevra la reconnaissance universelle, marquée par de multiples récompenses décernées dans les divers pays européens.
Première présentation synthétique en français de la poétesse et de son ouvre.
La poésie d'Anna Akhmatova est au programme de l'agrégation 2010-2011.