Chez les Soviets, dans les années vingt et trente. S'inspirant des carnets d'Isaac Babel, David Markish signe une biographie romancée de l'auteur de Cavalerie rouge et des Contes d'Odessa, lui créant un double du nom de Judas Grossmann. Le roman évoque l'enfance du héros à Odessa, sa participation, en tant que correspondant de guerre, à la guerre civile, sa gloire littéraire et ses contacts avec les milieux politiques à Moscou, puis le début des Purges, son arrestation et son exécution. Dès les premières pages du roman, où le petit Judas se rêve en prince David Réouveini, soldat juif légendaire, le ton est donné, et les grandes questions posées : comment être juif en Russie et comment être un héros guerrier lorsqu'on est juif en Russie ? " Pour prendre Jérusalem, il ne suffit pas de raconter de tristes histoires juives. Qui a décrété qu'il était bon pour nous de jouer du violon plutôt que de jouer aux cartes ? Que les échecs nous convenaient mais pas la boxe française ? (...) Je ne me laisserai pas abuser, je ne finirai pas, épuisé, par rebrousser chemin. Je serai fort comme un goy, courageux comme un goy, féroce, comme un goy. Tout en restant un juif, un juif à cheval. " Si Judas ne devient pas soldat, il côtoie la guerre au plus près en tant que journaliste. Signant, comme Isaac Babel, ses articles du pseudonyme " Lioutov " (nom formé sur l'adjectif liouty, " féroce "), Grossmann s'attachera à " devenir Lioutov ", c'est-à-dire à " devenir russe ", ou à passer pour tel face à des cosaques connus pour leur antisémitisme, et à s'inscrire dans la dimension épique de l'histoire russe du début du XXe siècle. Un livre hommage à Isaac Babel, traitant de l'identité des écrivains et de l'identité russe, où l'on retrouve l'écriture incisive et l'humour tragique de Markish. _ Un livre qui pose avant tout la question de l'identité russe : un thème aux résonances très actuelles. _ Le bon accueil critique des précédents livres de Markish en France. Yvan Gattegno, dans les Inrockuptibles, en faisait " l'héritier des écrivains Sholem Aleykhem, Isaac Babel (la truculence, la peinture du peuple) et Mikhaïl Boulgakov (la dérision tragique et endiablée mais avec l'onirisme en sourdine) ". _ L'attention médiatique dont seront l'objet les auteurs russes au moment du salon du livre de Paris en mars 2005.