RENCONTRE AVEC YURI SLEZKINE dans le cadre des Belles Etrangères 2009
Rencontre animée par Anne Coldefy Faucard.
Dans le cadre des Belles Etrangères 2009 (USA)
Entrée libre.
Rencontre en russe. Traduction française.
« L’Âge moderne est l’Âge des Juifs, et le XXe siècle est le Siècle des Juifs. La modernité signifie que chacun d’entre nous devient urbain, mobile, éduqué, professionnellement flexible. […] En d’autres termes, la modernité, c’est le fait que nous sommes tous devenus juifs. »
Yuri Slezkine montre qu’il existe, dans la plupart des civilisations traditionnelles, une opposition structurale entre une majorité de paysans et guerriers « apolliniens » et une minorité de « mercuriens », « nomades fonctionnels » vulnérables et persécutés. Tout comme les Chinois d’outre-mer en Asie, les Parsis et les Jains dans le sous-continent indien, les Juifs sont les dignes descendants de Mercure, « le patron des passeurs de frontières et des intermédiaires ; le protecteur des individus qui vivent de leur agilité d’esprit, de leurs talents et de leur art » et dont le succès leur attire une jalousie parfois mortelle.
Avec le XXe siècle, le capitalisme « ouvre les carrières aux talents », tandis que le nationalisme transforme tous les peuples en « peuple élu », convaincu de son destin singulier. Les Juifs deviennent les modernes par excellence. Et, de fait, leurs grandes « Terres promises » au XXe siècle furent bien l’Amérique capitaliste et libérale et Israël, « le plus excentrique des nationalismes ». Mais on oublie souvent que la Russie soviétique fut le grand réservoir d’utopie et de promotion sociale pour les Juifs. Mobilisant la démographie et la sociologie autant que la littérature, l’auteur montre que les Juifs jouèrent un rôle absolument central dans l’édification de l’URSS, avant que la machine stalinienne ne se retourne contre eux.
Méditation sur le destin du peuple juif, pour lequel le XXe siècle fut tout à la fois une apothéose et une tragédie, ce livre propose une réflexion inédite et profonde sur la modernité, le nationalisme, le socialisme et le libéralisme.
Auteur d’origine russe, Yuri Slezkine est professeur d’histoire et directeur de l’Institut d’études slaves, est-européenes et eurasiennes à l’université de Californie, à Berkeley. Il est l’auteur de Arctic Mirrors : Russia and the Small Peoples of the North (Cornell University Press, 1996) et a codirigé l’ouvrage In the Shadow of Revolution : Life Stories of Russian Women from 1917 to the Second World War (Princeton University Press, 2000).
Traduit de l’américain par Marc SAINT-UPÉRY
Nb de pages : 432
Prix : 25 €
ISBN : 9782707157041